Cérémonie du souvenir à Maillé

24/08
2017

25 août 1944, Maillé : « un crime sans assassin » titrait le documentaire de Christophe Weber, sorti en 2011.

Le procureur allemand de Dortmund, Ulrich Maass, a ouvert une enquête en août 2005 mais la justice allemande vient de la classer sans suite, en décembre dernier, faute de preuves tangibles et de coupables avérés.

Si nous étions réunis aujourd’hui, c’est pour affirmer que nous n’oublions pas le massacre de 124 de nos compatriotes, hommes, femmes et 44 enfants de moins de 14 ans.

Le village de Maillé a rencontré le pire et le meilleur de l’homme. Le pire, avec ces soldats allemands qui n’ont pas hésité à égorger et tuer à bout portant des enfants, dont le plus jeune avait à peine 3 mois.
Et le meilleur, avec des habitants d’Afrique-Équatoriale française qui souscrivent massivement à des dons pour reconstruire l’école. Les classes s’appelleront : Bangui, Brazzaville, Pointe Noire…
Le meilleur aussi grâce aux Hale, ce couple de milliardaires de Santa Barbara, qui crée le mouvement d’entraide « Operation democraty » en « adoptant » le village. Ces généreux philanthropes font parvenir, dès 1946, plusieurs tonnes de vêtements, de mobilier, de nourriture… et ce pendant une quinzaine d’années.
Le courage de reconstruire, vite, à l’identique, « comme avant », a effacé les traces dans les rues…mais pas dans les mémoires, ni dans les cœurs.

Il est regrettable que durant si longtemps le massacre de Maillé, commis le jour de la libération de Paris, ait été occulté, nié ou encore ignoré.
Fort heureusement, ce drame est aujourd’hui reconnu par tous et l’histoire tragique de votre village a désormais une histoire officielle.

Nous ne pouvons que remercier l’ensemble des personnes, témoins ou non, qui a permis de lever ce long silence et de rendre ainsi à votre village ce respectable hommage.

Si la Maison du Souvenir retrace aussi bien le passé heureux que les heures dramatiques, elle insuffle également la volonté d’avancer et de reconstruire, valeurs essentielles d’entraide et de solidarité.

Ce relais vers le public et les jeunes générations demeure primordial.
En effet, le devoir de Mémoire doit être au cœur de nos préoccupations pour ne pas oublier, pour transmettre une mémoire douloureuse mais forte de témoignages de courage et de résistance face à l’innommable.

Ce devoir de mémoire fait partie intégrante de notre volonté de vivre ensemble, toujours et encore.. Rappelons-nous que l’essence de l’être humain se trouve exactement là et nulle part ailleurs.
Rappelons-nous également que la transmission éducative et culturelle de ces savoirs et valeurs pour les plus jeunes demeure plus que jamais nécessaire afin que chacun d’entre eux développe ses potentiels et contribue au bien vivre de notre société, aujourd’hui et demain.

Maillé aujourd’hui, 25 août 2017, est le symbole de cette humanité retrouvée après la barbarie de ce 25 août 1944.
Nul ne pourra lui retirer cette part d’humanité, elle est acquise à jamais.

Pour plus de précisions sur cet article écrire à fabienne.colboc@assemblee-nationale.fr