La députée du Chinonais : “ Je suis là pour les autres ”

09/01
2018

Est-elle comme certains de ses collègues de bancs d’Assemblée nationale, qui se disent au bout du rouleau et au bord du divorce avec leur conjoint ? Non, Fabienne Colboc répond d’un « j’adore » qui lui sort du fond du cœur. « Oui, ma vie a changé, on n’a pas de temps de répit, de repos mais je suis habituée aux rythmes soutenus. Je savais que j’aurais un temps d’adaptation, d’observation, j’ai intégré cela. Je me nourris aussi beaucoup du terrain. J’adore ! »
Pas de plainte ou d’état d’âme à attendre d’elle, donc. Et pourtant, si quelqu’un a vu sa vie changer en 2017, c’est bien la nouvelle députée En Marche du Chinonais. Elle est partie de zéro sur l’échelle politique. Et d’un coup, dès la fin juin, elle a été projetée brutalement dans le grand bain du pouvoir. Un véritable choc, non ? « On sent le poids des responsabilités qui arrive et qui ne retombe jamais, confie-t-elle. Le plus difficile est de pouvoir répondre à toutes les sollicitations, même si on a la volonté de bien faire pour tous. Ma circonscription, c’est 78 communes. J’ai déjà répondu à environ 300 rendez-vous, et vu un tiers des maires. Mon agenda est plein jusqu’à mars déjà. » Avec les cérémonies de vœux qui débutent, l’élue de la République sera plus que jamais au four et au moulin.
“ Je marche car le sport, c’est vital ” Sa vie privée ? « Je n’ai plus le temps de courir, mais je marche et je fais du vélo le dimanche matin en bord de Loire. Le sport est vital pour l’équilibre. A Paris, quand je vais d’un ministère à l’autre, j’y vais à pied. » Fabienne Colboc a déjà couru deux marathons, Paris et Barcelone, mais n’est pas prête à s’aligner sur un troisième. Du haut de ses 45 ans, elle a gardé une philosophie de cette expérience : « Je ne raisonne pas sur une journée mais sur une semaine. Je m’organise dans cet espace-là. Et je veux voir mon mandat sur ses cinq ans, pas sur six mois. Je suis dans la durée. »
Sa vie privée encore ? « Mes filles sont étudiantes, à Strasbourg et à Tours, et donc autonomes. Mon mari travaille à Paris, il est responsable de service d’une banque, et on déjeune ensemble dès que l’on peut. Ma belle-famille est de Chinon, ma mère à Tours. J’ai pu passer Noël en famille. Moi-même, j’ai fermé ma boutique de création à Tours, et ne suis plus consultante coaching. J’ai mis fin à tous mes contrats en septembre. Je n’avais pas de salarié. Cela ne m’a donc pas fait peur. Je reprendrai mes activités professionnelles sans difficulté quand il le faudra. »
Elle ajoute, et là, c’est la coach qui parle : « Il ne faut pas comparer sa vie d’avant et celle de maintenant, ce n’est jamais bon. Il faut penser autrement, même si j’ai des amis qui sont frustrés car on se voit moins. » Fabienne Colboc se souvient de ses seules vacances de ce semestre passé, « dix jours en août, en Espagne ». Elle avoue « être restée connectée même en Espagne, et je n’ai d’ailleurs jamais coupé en six mois sans pour autant m’enchaîner aux réseaux. Je ne veux pas être dans la sur-réaction. »
La communication, c’est un métier et la députée « marcheuse » s’en méfie comme de la peste car elle s’y est déjà brûlé les ailes. Elle évite la fameuse salle des Quatre-colonnes à l’Assemblée où députés et journalistes se croisent, car c’est la roulette russe. Un mot mal placé peut se transformer en arme fatale qui se retourne contre vous.
“ Ne pas comparer sa vie d’avant avec celle de maintenant ” Fabienne Colboc préfère les « rendez-vous dans les ministères » et le travail de l’ombre. Elle avance, un pied après l’autre, au feeling. A l’Assemblée nationale, on est dans le microcosme, entre députés, et « il y a beaucoup de solidarité » apprécie-t-elle. Mais en circonscription, elle est seule face à tout le monde. Alors ? « Il faut être à l’écoute et dans la concertation, être simple, accessible, au contact, faire le job, dire aux gens qu’on n’est pas là pour soi mais pour eux. » Sa règle au quotidien ? « Pour avancer et être efficace, se dire de toute chose : concrètement, ça veut dire quoi ? »
Fabienne Colboc rappelle qu’à En Marche, « on n’est pas dans l’idéologie, pas dans un camp mais dans le pragmatisme. Et moi, je ne suis pas dans une sensibilité de gauche mais une sensibilité sociale. C’est le social qui m’anime. Ma force est de ne pas être impressionnée par les autres, que je considère comme des alliés. »

repères

Une vie cadrée et bien rythmée

> Fabienne Colboc a quatre collaborateurs (mais pas à plein temps) à son service. Elle est à l’Assemblée du mardi au jeudi, et le reste du temps sur sa circonscription.
> Elle est à la commission « vie associative » à l’Assemblée nationale, ce qui lui permet de toucher à l’éducation, la culture, au sport, au bénévolat. Elle est vice-présidente du groupe d’amitiés France-Portugal et dans le groupe des JO 2024. Dès cette rentrée, sa priorité sera la loi d’orientation universitaire, « primordiale » dit-elle. La loi sur l’asile l’intéresse aussi beaucoup.
> Les vœux de la députée auront lieu le 28 janvier à Savonnières.
> Elle va organiser des cafés-citoyens à partir de février, un jeudi par mois, dans un lieu informel, de 18 h 30 à 20 h, « car c’est la vraie vie, il faut rencontrer les gens », même si elle doit en prendre plein la tête. Le premier est prévu à Joué-lès-Tours, les autres à Ballan-Miré, Azay-le-Rideau, Chinon, Sainte-Maure.
> La députée reçoit beaucoup, dit-elle, dans quatre permanences à La Riche, Joué, Chinon et L’Ile-Bouchard. Sur la circonscription, elle se déplace uniquement en voiture électrique, même s’il faut recharger les batteries
chaque soir.
> Un dossier local l’attend, celui de Tupperware. Un autre l’occupe beaucoup, celui des nomades.

Pour plus de précisions sur cet article écrire à fabienne.colboc@assemblee-nationale.fr